Voyage au pays de Laon
Samedi 8 avril 2006


Le succès de ces voyages ne se dément pas puisque c'est un car de 50 places qui emmena nos adhérents passionnés d'histoire vers cette ville qui aime se faire appeler «  La Montagne Couronnée « .

LAON s'appelait Lugdunum, comme LYON, et quand on sait que lug désignait le corbeau, il n'est pas étonnant d'avoir retrouvé autour de cette ville des pièces mérovingiennes frappées d'un corbeau.

«  De 741 à 895, LAON fut la résidence des rois carolingiens puis devint la capitale du royaume de France de 895 à 988. Charles MARTEL meurt près de LAON et son fils PEPIN s'empare de la ville et y épouse BERTHE «  aux grands pieds « . De cette union naîtra CHARLEMAGNE ... « 

Ce bref extrait de l'historique de la ville faite par Christiane ROLLAND pendant le trajet en car montre que cette ville est plus qu'une simple page de l'histoire de France.

Victor HUGO disait «  j'ai quitté LAON ce matin, vieille ville avec une cathédrale qui est une autre ville dedans ... ».

Ce qu'il ne pouvait dire et pour cause, c'est que l'on pouvait atteindre cette autre ville située sur un plateau par un funiculaire automatique nommé POMA . Il part de la gare en ville basse pour arriver à l'hôtel de ville en ville haute à une vitesse de 36 km/h ce qui permit à notre groupe de se retrouver en quelques minutes ceinturé de 7 km de remparts, au milieu de 84 monuments historiques et dans le plus vaste secteur sauvegardé de France.

Nos guides, Madeleine NOUVIAN et Gabriel MARTINET, après nous avoir présenté leur hôtel de ville style Empire, nous amenèrent rue SERRURIER, devant la demeure de ce maréchal d'Empire qui devint gouverneur des Invalides .... avant d'y demeurer pour l'éternité.

Puis la visite de la cour d'une hostellerie du XIII siècle, appelée cour du Dauphin, fut l'occasion d'évoquer la légende qui veut qu'en 1638, Louis XIII et Anne d'AUTRICHE connurent Louis XIV en revenant d'un pèlerinage à LIESSE où ils prièrent pour un héritier.

Proche de la cathédrale, l'Hôtel Dieu construit vers 1170, était un hôpital pour les soins de l'âme et du corps au niveau supérieur et un accueil des pèlerins et des pauvres dans sa salle gothique située au niveau inférieur. Cette salle des passants offrait le soin et la nourriture mais pas le coucher.

Mais la cathédrale Notre Dame nous attendait. Fruit du travail des «  bâtisseurs de Dieu «  de 1150 à 1235, ce chef-d'oeuvre du premier âge gothique inspira de nombreuses autres cathédrales comme CHARTRES, REIMS, LAUSANNE ... Ce n'est toutefois qu'en 1240 que les 5 tours ajourées aux légendaires boeufs furent terminées.

85 ans pour construire une cathédrale ! Ces bâtisseurs étaient des «  dompteurs de pierre «  !

Les trois portails dits du Jugement Dernier, du Couronnement de Notre-Dame et de la Nativité sont abrités par des porches proéminents et révèlent dans leur tympan et voussures de nombreuses statues de personnages bibliques restaurées car fortement endommagées à la Révolution. L'architecture intérieure frappe par son unité, son équilibre, son harmonie et sa clareté. Ce vaisseau tout en voùtes, sexpartites dans le choeur et la nef, barlongues dans le transept, mesure 110 mètres de long et se termine par un chevet plat. Le transept profond de 54 m et large de 22 m est fortement baigné de lumière grâce aux nombreuses fenêtres à tous les étages, à sa rose du chevet Notre Dame et à celle des arts libéraux.

Ebloui par la richesse et les couleurs de tous les vitraux, notre groupe fut impressionné par ceux de la Rose des arts libéraux, en place vers 1180, et qui représentent la philosophie, la rhétorique, la grammaire, la dialectique, l'astronomie, l'arithmétique, la médecine, la géométrie et la musique. Il faut se souvenir qu'au Moyen-Age, Loan était un très important centre de la pensée universitaire

Les vitraux en forme de lancettes du chevet plat qui ajourent ce mur en déversant des flots de lumière à travers leur iconographie très riche furent pour nos guides l'occasion d'évoquer tous les personnages que les peintres verriers immortalisent vers 1220.

Un dernier regard à l'icône de la Sainte Face de notre Notre Seigneur Jésus Christ dont la présence est due au prêtre Jacques de Troyes, à la statue de la Vierge à l'Enfant qui date de la fin du XIII° siècle, au fonts baptismaux du XII° siècle en pierre bleue de Tournai avant de quitter ce lieu où Gautier de Mortagne consacra en 1173 le premier sanctuaire à son ami Thomas BECKET et de nous diriger vers la chapelle de l'ancienne Commanderie des Templiers.

Bâtie vers 1134 sur le modèle du Saint-Sépulcre de Jérusalem, cet édifice de forme octogonale est entouré d'un jardin dessiné sur l'ancien cimetière du Temple.

Après un déjeuner fort mérité à la Bannière de France, l'après midi fut consacré au passé vinicole du Laonnois.

Un texte de Hugues Capet datant du X° siècle évoque la présence de vignes qui permirent à ses soldats de se cacher ... Au XII° siècle, le vin est partout et son commerce fait la prospérité de la ville jusqu'à la Révolution. Puis les vignes du clergé sont vendues mais les nouveaux acquéreurs, pour faire du profit, utilisent de mauvais plans. La fin du XIX° siècle, avec l'arrivée du chemin de fer et du phylloxera verra la fin de cette activité qui ne reprendra pas.

Ces vins, issus des cépages «  fromentelli «  pour les blancs et «  morillon «  pour les rouges étaient servis aux sacres des rois de France jusqu'à celui de louis XIV.

En 1821, il y avait 3.600 hectares de vigne, en 1905 plus que 114 hectares et actuellement seulement 4 hectares sans appellation.

Mais il reste dans une douzaine de villages regroupés dans «  la route des vendangeoirs «  une trace de cette civilisation de la vigne.

C'est dans le charmant village de BOURGUIGNON sous MONTBAVIN que notre guide nous fit découvrir cette trace sous forme d'un vendangeoir qui est en fait une vaste maison bourgeoise. Elle abritait à l'entresol les celliers de vinification et à l'étage d'agréables pièces à vivre ouvertes sur les jardins. Les frères LE NAIN avaient le leur dans ce dit village.

Moment de découverte et de détente, cette visite dans ce monde rural révolu nous rappela cette fameuse roue du temps qui tourne. Puis ce furent celles du car qui se mirent à tourner pour un retour vers TROYES tout en nostalgie et souvenirs.

Photos et texte : Bruno Thommeray