Projet d'extension de l'Hôtel du Département

Un peu d'histoire...

HISTORIQUE
Le Projet d'extension de L'Hôtel du Département, en quelques dates

1794 : l'administration départementale (Préfecture et Conseil Général) s'installe dans les bâtiments de l'abbaye Notre Dame aux Nonnains (fondée au VIIème siècle et reconstruite en 1781).

1895-1899 : importants travaux de réfections, suite aux incendies de 1870 et 1892 qui vont donner son allure au bâtiment central actuel : couverture d'ardoises ponctuée d'œils de bœufs et de lucarnes circulaires, grilles en fer forgé…

1956 : construction de l'aile est par l'architecte J.P. Guth

1977 : nouvelle aile sud par l'architecte M. Vigo. Cette première extension entraîne la suppression de la rue Saint Paul.

1er mars 1990 : approbation du principe de la démarche d'une future extension par le Conseil Général.

Années 90 : le quartier connaît de nombreuses démolitions qui "démaillent " le tissu urbain

1996 : poursuite des démolitions, rue Perdue, avec l'extension du parking pour les fonctionnaires (cf. bulletin 15)

1997 : le Conseil Général envisage à nouveau de démolir (un projet en germination ?). La rue Perdue et la rue Charles Gros semblent menacées. L'association consultée crie haut et fort sa conviction " pas de démolitions sans projets " (cf. bulletin 17)

1998 : la " friche " appartenant au Conseil Général appelle un projet. Le projet d'extension pour regrouper tous les services du département semble refaire surface mais est différé à cause de la charge financière induite par les investissements sur la technopole. On promet de nous " associer à la réflexion " (cf. bulletin 20).

1999 : enquête publique pour le déclassement de la rue Perdue.

10 juillet 2000 : désignation de quatre groupements d'architectes amenés à concourir : Wilmotte-Axis architecture ; J.P. Lott ; Fouqueray-Jacquet-Bataille-Lorne ; Peiffer-Freycenon-Plays

10 novembre 2000 : le jury décide de suspendre ses travaux sans désigner le lauréat. Le projet semble retomber dans les oubliettes.

23 septembre 2001 : acquisition de la rue Perdue par le département.

30 juin 2003 : désignation de l'architecte lauréat par les Conseillers Généraux.

28 janvier 2005 : présentation officielle de l'Avant-Projet Sommaire (APS) élaboré par le cabinet Fouqueray-Jacquet-Bataille-Lorne. L'association est invitée à en prendre connaissance pour la première fois lors de sa présentation lors du Conseil Municipal. Jusqu'ici, elle a été tenue à l'écart du projet.

17 février 2005 : présentation du dossier complet par le Conseil Général à la S.A.T.

22 février 2006 : signature du permis de construire par le Préfet

23 mai 2006 : par un recours en justice lancé par l'ARPEHD, le projet d'extension est stoppé faute d'intégration satisfaisante à son environnement, selon cette association.

20 juin 2007: le permis de construire est annulé par décision du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne.

Le projet d'extension de l'Hôtel du Département se trouve sur l'emplacement de l'ancienne abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains, grande abbaye de femmes détruite après la Révolution.
L'emplacement de la partie nord de l'ancienne église Saint Jacques-aux-Nonnains ainsi que le cimetière ont été mis à jour par la campagne de fouilles archéologiques du parking Libération, mais une autre partie de ce site reste à découvrir. Ce quartier fut en effet chargé d'histoire.

La rue Perdue faisait partie, au XIXème siècle, d'un quartier mal réputé. Deux maisons closes étaient implantées dans cette rue (aux numéros 3 et 8, la seconde nommée "Aux Belles Poules") et attiraient à l'époque de nombreuses visites. D'influence mauresque, l'architecture de ce bâtiment attirait le regard.
Il existait également une petite rue Saint Paul qui longeait la Préfecture et qui faisait partie de l'abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains, à l'emplacement de l'actuelle extension de la Préfecture, et parallèle à la rue Perdue. La rue Saint Paul a été déclassée en 1977 pour laisser place à une extension de l'Hôtel du Département.

Le projet

La rue Perdue qui longeait la Préfecture a subit le même sort en 1999 que la rue Saint Paul. Après enquête publique, le Conseil Municipal a déclassé la rue Perdue sans trop de mobilisation ni de contestation. La place est donc libre à une prochaine extension de l'Hôtel du Département.

Celui-ci souhaite regrouper en un seul pôle les services du Département et créer une extension accolée à l'actuel bâtiment destinée à accueillir ses nouveaux effectifs dans le cadre de la décentralisation.

Le 21 janvier 2005, un avant-projet d'extension est dévoilé: il s'agit d'un bâtiment contemporain formant une aile perpendiculaire, reliée à la batisse actuelle par un autre bâtiment de liaison. Tout de verre vêtu, ce projet architectural a été conceptualisé par le cabinet d'architecture Fouqueray-Jacquet/Bataille-Lorne de Reims, à la suite du concours d'architectes duquel il sont sortis lauréats.

C'est une architecture en rupture avec son environnement qui est présentée : toute en transparence, dominée par le verre, caractérisée par une structure en arcs.
Le projet (Avant-Projet Sommaire, APS) est ensuite ouvert à la concertation avec les différents partenaires (Ville de Troyes, Association Sauvegarde et Avenir de Troyes, etc.) et une nouvelle version est présentée :

Projet d'extension de l'Hôtel du département
JM.Jacquet (architecte) et P.Vacher (auteur des vues en 3D)

Actualité

Notre association Sauvegarde et Avenir de Troyes a pour mission outre la sauvegarde du patrimoine, de mettre en valeur le patrimoine architectural et urbain dans la perspective de l'avenir de notre cité : nous sommes attachés à ce que Troyes, riche de ses racines historiques et de ses trésors patrimoniaux puisse se propulser dans un futur, tout en gardant fièrement son identité.
Forte de cette légitimité - l'association a 40 ans d'actions derrière elle - et forte du poids de ses 450 membres, on nous consulte et on nous demande notre avis. C'est ainsi que le Conseil Général nous a sollicités (avec bien du retard, il est vrai ; on aurait sans nul doute préféré être consultés en amont) pour faire évoluer le projet.

Dans cette perspective, nous avons monté une commission de travail ouverte à tous. Celle-ci, constituée de plusieurs membres du Conseil d'Administration et de membres extérieurs dans un souci de transparence, a tenu plusieurs réunions de travail (le 6 avril, le 25 avril, le 11 mai, le 19 mai, le 15 juin 2005).
Ces réunions d'étude avaient pour but d'asseoir nos réflexions afin d'être en mesure d'émettre des avis constructifs lors des rencontres à l'Hôtel du Département ( 14 avril, 16 avril, 3 mai sans compter l'invitation du 17 février et du 19 mars 2005).
Des courriers nombreux (22 février, 16 avril, 13 mai, 23 juin 2005) ont fait référence de nos objections.

Les améliorations demandées portaient sur des points précis que nous rappelons ici :

- Concernant le bâtiment de liaison entre l'ancienne aile et les nouveaux bâtiments : plus de transparence, de façon à retrouver le tracé de la rue Perdue dans le respect de la trame viaire.
- Retraitement des bâtiments-modules sur la rue Charles Gros, en accord avec le tissu urbain ancien
- Concernant la bâtiment "nef principale" : retrouver une volumétrie adéquate en abaissant le niveau et ne plus avoir "l'effet mastodonte".
- Relookage de la façade accolée au Strauss qui ne s'articule pas bien du tout au bâtiment XVIe.

En résumé, on souhaite que ce projet puisse enfin dialoguer d'une façon harmonieuse avec son environnement.
Si sur les deux premiers points, il semblait que nous avions été écoutés, concernant l'importance du bâtiment nef, notre avis n'a pas été concluant, puisqu'on nous a proposé de recouvrir le dernier étage d'une véranda-verrière pour redonner soi-disant de la fonctionnalité au bâtiment.
Ayant appris au mois de juillet 2005 qu'un projet avait été déposé officiellement, sans tenir compte de nos remarques, nous avons décidé de nous opposer à cette version du projet:
- en alertant tous les médias,
- en lançant une pétition pour appuyer nos arguments,
- un courrier officiel au Préfet où nous confirmions formellement notre désapprobation globale du projet tel qu'il était alors déposé.
Nous estimions que ce projet au fil des mois et ce, malgré certaines améliorations notoires sur certains points, "s'abâtardissait" (véranda en plein ciel) et que l'on ne pouvait pas cautionner un tel projet. Nous ne pouvions en effet laisser dire que le projet tel qu'il était déposé était le fruit de la concertation avec l'association.
Notre désapprobation de ce projet, dans la version présentée au mois de juillet 2005, a été confortée et relayée par deux autres associations du patrimoine, Civitas Nostra et la SPPEF qui ont appuyé notre courrier en envoyant une lettre au Ministre de la Culture lui-même.

Cette attitude validée par notre Conseil d'Administration n'a pas eu l'assentiment de certains membres de la commission de travail qui, considérant que notre position n'était pas assez radicale et que nous n'employions pas les bons moyens et la bonne technique pour nous faire entendre, se sont désolidarisés de la SAT pour monter une autre association indépendante intitulée l'ARPEHD ayant pour unique motif d'empêcher le projet.

Depuis lors, l'Architecte des Bâtiments de France a reçu comme consigne du Directeur de l'Architecture et du Patrimoine de "re-travailler le projet à la marge". Cette dernière version qui vient d'être déposée a reçu l'avis favorable de Jean-Pascal Lemeunier, ABF. Celle-ci ne nous a jamais été présentée (et ce n'est pas faute de l'avoir demandée) mais il était impossible juridiquement de la consulter tant que "le dossier était encore en instruction ". Nous n'avons pu en voir que les images publiées dans la presse. Celles-ci font nettement apparaître une "nouvelle copie", puisque le bâtiment principal est maintenant détaché nettement du bâtiment XVIe le Strauss, que "l'étiquette pierre" a disparue, que le bardage s'est transformé en ventelles de bois verticales. Nous attendons avec impatience de pouvoir en savoir plus, lors de l'examen du dossier qui nous révélera alors la "mouture" définitive.

Ce second projet voté par Monsieur Adnot et approuvé par le service du Secteur Sauvegardé ainsi que l'Architecte des Bâtiments de France a reçu la signature du Préfet le 22 février 2006 et a été mis à la disposition du public en consultation à la DDE.
Ce projet, loin d'être satisfaisant, a intégré les améliorations demandées par la SAT.

Par décision du Tribunal Administratif de Châlons répondant à la requête déposée par l'ARPEHD contre le projet d'extension, le projet est suspendu.

Le département ayant fait appel devant la haute juridiction de la décision du tribunal administratif de Châlons suspendant le permis de construire du Conseil Général, en mai 2006, on était depuis huit mois dans l'attente de la décision du Conseil d'Etat.

19 janvier 2007:
Aujourd'hui celui-ci a rejeté le recours du Département suivant l'avis du commissaire du gouvernement qui a estimé que le juge des référés n'a pas commis d'erreur de droit dans son appréciation des faits et que le département n'était donc pas fondé à demander l'annulation de l'ordonnance du juge suspendant le permis de construire.

Cela signifie de fait que le permis de construire reste toujours suspendu. Suspension ne veut pas dire annulation.

Logiquement seul sera décisif le jugement final du tribunal administratif de Châlons qui doit statuer sur le fond, ce qui peut prendre plusieurs mois voire une ou deux années. D'ici là… Il est probable que le projet architectural soit abandonné.

En attendant la décision des tribunaux pour un jugement sur le fond et au cas où ceux-ci rejetteraient le projet déposé, le président du Conseil Général et ses conseillers généraux ont décidé du lancement d'un nouveau concours pour un nouveau projet architectural.

On ne peut évidemment que s'en réjouir !

Nous souhaitons qu'un nouveau projet d'architecture contemporaine de qualité soit compatible avec l'environnement urbain dans lequel il doit s'insérer. En particulier nous continuerons à exercer la pression sur ce dossier et l'association continuera à être vigilante pour que ce futur projet soit à la hauteur de la qualité de notre patrimoine architectural.

Nous souhaitons qu'une architecture contemporaine de qualité puisse dialoguer d'une façon harmonieuse avec son environnement et surtout qu'à l'avenir le Conseil Général préfère le dialogue en amont.

27 juin 2007:
Le tribunal administratif de Châlons vient d'annuler le permis de construire de l'extension du Conseil Général par décison du 20 juin 2007 pour les raisons suivantes : "le parti architectural retenu ne permet pas d'assurer la cohérence générale de l'ensemble urbain. ... Le projet ne respecte ni l'échelle architecturale des bâtiments existants ni l'aspect général du bâti environnant".
Philippe Adnot, Président du Conseil Général, va lancer dès le 2 juillet prochain un deuxième concours d'architecture pour une nouvelle extension. Quatre cabinets d'architectes ont déjà été sémectionnés : Architecture Studio (à Paris), l'Atelier Nogentais d'architecture et d'urbanisme de Daniel Regnault, le cabinet Jean Luc Hesters (à Paris) et le cabinet Thienot-Ballan (à Reims).