Flânerie du dimanche 21 mai 2006
"L'eau industrieuse"

Usine Poron

En 1858, la société Poron Frères, fondée en 1852, installe un atelier de construction mécanique rue des Bas Trévois, où elle construit sous licence des machines de bonneterie.
En 1878, la société devient Poron frères, fils et Mortier. Elle embrasse la filature, la fabrication, la teinture et l'apprêt de la bonneterie de coton, ainsi qu'une fonderie de fer et la construction des métiers destinés à l'industrie cotonnière.
Poron, société anonyme en 1898, est l'une des grandes firmes troyenne de sous-vêtements et de bas. Après le rachat de l'entreprise Herbin en 1965, elle récupère les marques Kangourou, Erby, Trimail, St Hubert. Le développement de la marque Absorba (vêtements enfants), achetée en 1965, incite l'entreprise à céder en 1972 ses ateliers de confection des articles homme et femme, puis à se rebaptiser Absorba en 1977. À la fin des années 1970, Poron achète Valisère (lingerie) et Moniteur (vêtements de sports d¹hiver). La société popularise de nombreuses marques : Jantzen, Rop, 3 pommes, Vêtements a, Hélanca.
Elle emploie 2 000 personnes et dispose de nombreuses institutions sociales. Au cours des années 1980, l'entreprise connaît des difficultés liées au contexte économique général et à la mondialisation des marchés. Elle revend Valisère et Moniteur en 1986-1987.
Au début des années 1990, la société et l'ensemble de ses filiales étrangères sont rachetées par le groupe Zannier. Celui-ci abandonne le site, acheté par la Ville de Troyes en 1993. Les bureaux accueillent des organismes économiques, tandis que débute la démolition des ateliers (1995).
En 1999, la moitié du site est acquise par un investisseur qui rase les bâtiments.
En 2000-2001, il ouvre des salles de cinéma, trois restaurants et un hôtel dont l'architecture reprend celle des bureaux disparus.
Ne subsistent de l'usine que les pavillons d'entrée, le socle d'une cheminée et quelques pans de murs.

 

 

 

Teinturerie des Bas Trévois

En 1861, Augustin Thévenot fait construire une filature de coton, puis une teinturerie sur l'emplacement d'une ancienne pépinière et du moulin de Paresse. Elles sont acquises par la famille Finet avant la Première Guerre mondiale.
À partir de 1937, la teinturerie fonctionne sous la raison sociale Teinturerie des Bas-Trévois (TBT). Elle change de propriétaire au cours des années 1980, puis est acquise par la Ville de Troyes dans les années 1990, sans que cesse l'exploitation. Celle-ci prend fin en 2002.
De l'usine, rasée en 2004, ne subsistent que deux bâtiments.

 

Desgrez

Gustave Groue établit une petite usine de bonneterie peu après 1875. Mais c'est la société Desgrez et Ruotte qui lui donne une grande extension entre 1886 et 1890. L'établissement, exploité sous la raison sociale SA Desgrez à partir de 1904 environ, est agrandi par la construction de vastes bureaux rue Desguerrois, au milieu du XXe siècle. L'activité cesse vers 1975. Magasins de commerce et petites activités industrielles occupent alors les locaux.
Les bâtiments sont rasés en 2004 à l'exception de la cheminée.

 

 

Rozon/Millerey

L'usine de blanchiment Rozon et Cie est créée en 1865.
Le blanchisseur François Millerey l'acquiert en 1883 et l'agrandit par une salle des machines, une chaufferie et une cheminée. Les bâtiments de stockage sont situés sous le lanterneau. Un long bâtiment à un étage et système d'abat-vent abrite un calandrage et une pièce de séchage. La teinturerie appartient à la bonneterie Frafor de 1970 au début des années 1990.
Depuis 2005, elle est en cours de réhabilitation. Habitat et services y sont programmés. Un bâtiment a été démoli, trois sont conservés, un autre sera construit.

Bellot

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le site - alors constitué de deux usines - est consacré à l'apprêt d'étoffes. Après la Première Guerre mondiale, les deux constructions sont réunies par les frères Bellot qui y ajoutent - une dizaine d'années plus tard - une usine de bonneterie, édifiée par l'architecte Jacques Bauer. Ils sont rejoints dans l'exploitation par Boudot-Lamotte. L'entreprise, qui possède une autre usine à Châlons, produit de la lingerie, des pulls de marque Bel. L'activité cesse vers 1975. Les ateliers abritent des commerces, puis un centre médical.
Détruits, ils sont remplacés par un nouveau bâtiment. Les bureaux, édifiés en 1946, ont été transformés en hôtel d'entreprises par la Ville de Troyes.

Blanchisserie Localinge

La société Zineck fait construire une usine de bonneterie peu après 1900 qui est agrandie une trentaine d'années plus tard par la société Zineck et Honnet. Cet établissement semble fermer ses portes vers 1960 et est actuellement occupé par un magasin de produits textiles, une agence immobilière et un commerce de location de linge.

Blanchisserie du Cygne

Usine de blanchiment établie par la famille Lamblin probablement dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Fernand Lamblin en est le propriétaire au début du XXe siècle.
Depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu'à nos jours, l'activité de blanchiment des étoffes à lieu sous la raison sociale blanchisserie du Cygne.

Usine Abit

Cette usine de blanchiment très peu documentée, semble avoir été la propriété de la famille Abit dans la deuxième moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Vers 1930, cet établissement est intégré à une usine de bonneterie par la SARL Simon, rue Charles Dutreix (actuellement Valton). Elle en est séparée dans les années 1970 et cesse son activité industrielle.
Les locaux sont actuellement occupés par des magasins de commerce sous la raison sociale Coopérative Hermès.

Sedis

L'actuelle usine Sedis est la réunion des usines Delostal et Louis Nicot. L'usine Delostal, dont la maison-mère se trouve rue Courtalon, est édifiée en 1919. Elle produit des bas de fil et de soie en maille unie fine. En 1951, elle est acquise par la Semas, filiale du groupe Peugeot. L'usine Louis Nicot, édifiée à la fin des années 1940 à l'emplacement d'une usine de blanchiment, cesse son activité de bonneterie vers 1965 et est reprise par la Sedis. Celle-ci, dernière entreprise française de chaînes, produit pour l'automobile, la sidérurgie, les escaliers mécaniques, la manutention.

Filature Poron

À partir de 1872, les frères Charles et Amand Poron édifient une filature de coton cardé avec bobinage annexe et dépôt de matières premières sur un vaste terrain acquis vers 1870. Elle est transformée en bonneterie - annexe de la maison mère - dans le deuxième quart du XXè siècle. L'usine comprend une salle des machines qui jouxte la cheminée portant la date 1872, un séchoir élevé dont le mur pignon est percé d'une baie en plein cintre, des ateliers.
La cessation d'activité a lieu vers 1975. Le site est ensuite occupé par un centre de formation à la conduite, des entrepôts et diverses petites activités.

Usine Haillot

Vers 1863, Adrien Haillot fait construire, 31 rue Charles Dutreix, une usine de blanchiment. Gambey hérite de l'établissement vers 1871 et y ajoute une usine de teinturerie vers 1885. La SA des Établissements Gambey, créée vers 1930, paraît cesser son activité au moment de la Seconde Guerre mondiale. Puis divers artisans occupent le site sur lequel de nombreux bâtiments ont été rasés.

Maison Henry

La maison Henry, dressée au milieu d'un parc, est bâtie en briques - souvent disposées en diaprures losangées - et en pierre utilisée en soubassement et en décoration (encadrement des ouvertures, angles des façades, corniches, colonnes...). Sa partie centrale, orientée nord-est/sud-ouest, comporte deux étages et est couverte par une toiture d¹ardoise à deux pans formant pignon sur les deux façades. Au nord-ouest et au sud-est, elle est flanquée de deux parties identiques à un étage avec pignon en façade coiffé d'une toiture ardoisée à deux pans. Sa façade sud-ouest est ornée d'une statue de la Vierge.

Filature Koechlin/Jourdain/TMT

En 1877, la filature de coton Weber et Cie est édifiée par la veuve de l'entrepreneur mulhousien Alfred Koechlin et le manufacturier troyen Henri Weber. Elle est exploitée, entre autres, par Antuszewicz frères, la SA Filature du Vouldy, puis Jourdain et Cie.
En 1956, les Tricotages Mécaniques Troyens, fondés en 1941, quittent le boulevard du 1er RAM pour s'installer rue Jean Nesmy où ils produisent les articles de marque Mariner et Trois Matelots. TMT fait partie depuis 1992 du groupe Armor-Lux, basé à Quimper, et fabrique les articles de marque Guy de Bérac. Le site occupe 200 employés.

Jean-Louis HUMBERT

 

 

Photos:
Jean-Pascal Lemeunier
Bernard Delemontey
Jean-Louis Humbert