C'est sur la
place Jean-Jaurès, devant la Bourse du Travail que
Dominique Boisseau, Maire-Adjoint chargé de l'aménagement
de la Cité, nous a présenté le projet d'aménagement
de la Bourse.
La société d'investissement Altaréa en charge
du projet n'a encore pas déposé de projet architectural.
Nous pouvons seulement dire que la Bourse sera réhabilitée
en un pôle commercial sur plusieurs niveaux. Le montant de
l'opération qui va s'élever à 32 Millions d'euros
sera pris en charge par la société Altaréa;
seules les fouilles archéologiques seront à la charge
de la Ville.
Concernant la réutilisation de la Bourse, les ouvertures
seront respectées et une gallerie en arcades verra le jour.
Il y a ici la volonté de recréer une entrée
de ville comme il pouvait y en avoir autrefois avec les portes des
remparts.
Les bâtiments
des soeurs de la Providence seront démolis à l'exception
d'un petit bâtiment pour qu'une construction contemporaine
prenne place à l'arrière de la Bourse. Ce nouveau
bâtiment abritera également un centre de commerces
qui viendra compléter celui de la Bourse.
Il s'agit,
à travers ce projet, de requalifier toute la place Jean Jaurès
et d'étendre l'attractivité commerciale qui se cantonne
jusque là à la rue Emile Zola jusqu'à cette
place. Les visiteurs prendront ainsi plaisir à venir jusqu'à
la place Jean Jaurès et profiterons de ses offres commerciales.
Il est important
dans ce projet de conserver la mémoire de ce lieu emblématique
pour les troyens.
Un peu d'histoire...
La Bourse du Travail:
" La Halle est édifiée en 1837 par l'architecte
Portret en pierre d'Etrochey. Ses façades orientale et occidentale
sont animées par les voûtes en plein cintre des baies
et des entrées. La toiture en zinc comprend une partie formant
lanterneau qui permet d'éclairer le premier étage.
La charpente en bois originelle est remplacée en 1932 par
une charpente métallique.
La Halle aux tissus possède un pendant dans la Halle
aux grains, proche de la Préfecture. Avec le déclin
de la toilerie, sa dénomination change et elle devient Halle
à la Bonneterie.
Ce nouveau bâtiment affirme la place de Troyes dans cette
industrie: l'essai de halle concurrente à Romilly-sur-Seine,
voulu par Gornet-Boivin en 1863, est d'ailleurs un échec.
Les artisans et façonniers de bonneterie y livrent leur production
hebdomadaire aux négociants. Ils disposent de 65 comptoirs
dans 16 salles au rez-de-chaussée - autour de la salled es
pas perdus - et 4 salles à l'entresol.
Le
passage de la bonneterie dans sa phase industrielle fait lentement
décliner l'activité de la halle. Les négociants
ne peuvent plus rivaliser avec les firmes industrielles qui possèdent
des services de commercialisation directe et contrôlent les
travailleurs à domicile. Les 109 fabricants de 1859 ne sont
plus que 24 en 1904. La Halle devient Bourse du travail en
1905. En 1932, le premier étage est doté d'une salle
des fêtes destinée à l'organisation de banquets,
meetings, expositions..."
JL Humbert
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Accompagnés
de JL Humbert et d'A. Vinum, nous poursuivons notre balade vers
la Villa Partiot qui se trouve à l'angle du Bd Victor
Hugo et de la rue de la Tour Boileau. Cette maison fait l'objet
d'une restauration complète.
JL Humbert
nous raconte l'histoire de cette maison:
"Cette
maison de type classique est édifiée en 1884 pour Jean-Baptiste
Partiot, sur la rive ouest d'un boulevard qui, du fait de ses résidents,
est un véritable annuaire de bonneterie (A. Bauley, R. Bazin, C.
Cabanis, P. Raguet…).
Bâtie en pierre, couverte d'ardoise et de zinc, elle occupe le centre
d'un terrain formant cour au sud et jardin à l'ouest. la toiture
et les façades nord et sud montrent de nombreux décrochements. Cette
dernière possède un porche portant une terrasse ceinte d'une balustrade
et une véranda de verre et de fer. La maison est close par un mur
élevé, deux portillons métalliques et une grille de fer forgé à
deux battants. Un garage est construit au sud-ouest en 1910.
Jean-Baptiste
Partiot, négociant en cotons filés né en 1822, occupe la maison
en rentier avec son épouse Sidonie Mossu et une domestique. En 1904,
la veuve Partiot-Mossu, reste seule à l'habiter. En 1908, ma maison
est achetée par Maurice Gillier, industriel bonnetier et père d'André
Gillier. Sa veuve, née Estelle Messe, y réside en 1910-1911. En
1962, les Ets Gillier sont absorbés par la SARL Devanlay-Recoing
et Pierre Lévy propose la maison à son ami le peintre verrier Maurice
Marinot et à sa fille Florence.
Après l'échec d'un projet de restaurant, elle est cédée à un promoteur
qui la réhabilite en appartements de standing. "
JL Humbert
Alain Vinum
nous présente ensuite la technique de restauration des vitraux
utilisée pour la véranda de la maison.
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La suite de
notre visite nous emmène sur un pont avec vue sur l'ancienne
usine de bonneterie Mauchauffée (rue Bégand)
sur lequel JL Humbert nous dresse un panorama historique de cette
usine:
"Maurice
Mauchauffée (1851-1910) est le créateur à Troyes de la grande entreprise
industrielle de bonneterie.
Fils de gantier, il crée Mauchauffée et Cie en 1876. Sa firme prospère
et devient société anonyme en 1896 au capital de 3.5 millions de
francs, porté à 5 millions en 1914. L'entreprise devient la plus
importante fabrique de bas de l'Europe: 1140 salariés en 1897, 3000
en 1914, dont 2000 à Troyes.
L'usine regroupe sous le même toit toute une filière maille: mécanique,
tricotage, teinture et confection, services commerciaux. Les bâtiments
peuvent compter trois étages. Autour des cours intérieures, dont
celle dite de l'horloge, dominent les ateliers de plain-pied. Les
sheds sur treillis dominent. Les bureaux sont le seul endroit un
peu "noble" du vaste ensemble constitué.
Mauchauffée utilise son initiale comme motif décoratif.
Les Etablissements Mauchauffée franchissent la crise des années
1930 en se tournant vers le sous-vêtement. Les difficultés commencent
après 1945 avec l'arrivée du nylon qui oblige un renouvellement
du parc des machines excédant les capacités financières de la maison.
Celle-ci abandonne la production de bas au profit de vêtements de
dessous et de dessus, notamment les maillots de bains. Elle tente
de produire pour les marchés en développement: vêtements de ski
et d'intérieur, lingerie féminine… Mais elle souffre d'une absence
de stratégie et cesse son activité en 1978.
Le site est alors divisé et occupé partiellement par des entreprises
textiles, dont EMO, créée par des anciens de Mauchauffée. La majeure
partie de l'espace accueille le premier site troyen de magasins
d'usines concentrés (espace Belgrand). Les difficultés d'accès et
de stationnement le font péricliter, alors que dans le même temps
les procédures développent une politique de soldes de marques dans
les centres commerciaux de Saint Julien les Villas et Pont Sainte
Marie."
JL Humbert
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Usine Mauchauffée
OPAC de l'Aube (maître d'ouvrage), L.Thomassin (architecte)



Photos:
Sabine Laillet
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