Flânerie
Dimanche 14 mai 2006

C'est sur la place Jean-Jaurès, devant la Bourse du Travail que Dominique Boisseau, Maire-Adjoint chargé de l'aménagement de la Cité, nous a présenté le projet d'aménagement de la Bourse.
La société d'investissement Altaréa en charge du projet n'a encore pas déposé de projet architectural. Nous pouvons seulement dire que la Bourse sera réhabilitée en un pôle commercial sur plusieurs niveaux. Le montant de l'opération qui va s'élever à 32 Millions d'euros sera pris en charge par la société Altaréa; seules les fouilles archéologiques seront à la charge de la Ville.
Concernant la réutilisation de la Bourse, les ouvertures seront respectées et une gallerie en arcades verra le jour. Il y a ici la volonté de recréer une entrée de ville comme il pouvait y en avoir autrefois avec les portes des remparts.

Les bâtiments des soeurs de la Providence seront démolis à l'exception d'un petit bâtiment pour qu'une construction contemporaine prenne place à l'arrière de la Bourse. Ce nouveau bâtiment abritera également un centre de commerces qui viendra compléter celui de la Bourse.

Il s'agit, à travers ce projet, de requalifier toute la place Jean Jaurès et d'étendre l'attractivité commerciale qui se cantonne jusque là à la rue Emile Zola jusqu'à cette place. Les visiteurs prendront ainsi plaisir à venir jusqu'à la place Jean Jaurès et profiterons de ses offres commerciales.

Il est important dans ce projet de conserver la mémoire de ce lieu emblématique pour les troyens.

Un peu d'histoire... La Bourse du Travail:
" La Halle est édifiée en 1837 par l'architecte Portret en pierre d'Etrochey. Ses façades orientale et occidentale sont animées par les voûtes en plein cintre des baies et des entrées. La toiture en zinc comprend une partie formant lanterneau qui permet d'éclairer le premier étage. La charpente en bois originelle est remplacée en 1932 par une charpente métallique.
La Halle aux tissus possède un pendant dans la Halle aux grains, proche de la Préfecture. Avec le déclin de la toilerie, sa dénomination change et elle devient Halle à la Bonneterie.
Ce nouveau bâtiment affirme la place de Troyes dans cette industrie: l'essai de halle concurrente à Romilly-sur-Seine, voulu par Gornet-Boivin en 1863, est d'ailleurs un échec. Les artisans et façonniers de bonneterie y livrent leur production hebdomadaire aux négociants. Ils disposent de 65 comptoirs dans 16 salles au rez-de-chaussée - autour de la salled es pas perdus - et 4 salles à l'entresol.

Le passage de la bonneterie dans sa phase industrielle fait lentement décliner l'activité de la halle. Les négociants ne peuvent plus rivaliser avec les firmes industrielles qui possèdent des services de commercialisation directe et contrôlent les travailleurs à domicile. Les 109 fabricants de 1859 ne sont plus que 24 en 1904. La Halle devient Bourse du travail en 1905. En 1932, le premier étage est doté d'une salle des fêtes destinée à l'organisation de banquets, meetings, expositions..."
JL Humbert



Projet de la Bourse

 

 

 

Accompagnés de JL Humbert et d'A. Vinum, nous poursuivons notre balade vers la Villa Partiot qui se trouve à l'angle du Bd Victor Hugo et de la rue de la Tour Boileau. Cette maison fait l'objet d'une restauration complète.

JL Humbert nous raconte l'histoire de cette maison:

"Cette maison de type classique est édifiée en 1884 pour Jean-Baptiste Partiot, sur la rive ouest d'un boulevard qui, du fait de ses résidents, est un véritable annuaire de bonneterie (A. Bauley, R. Bazin, C. Cabanis, P. Raguet…).
Bâtie en pierre, couverte d'ardoise et de zinc, elle occupe le centre d'un terrain formant cour au sud et jardin à l'ouest. la toiture et les façades nord et sud montrent de nombreux décrochements. Cette dernière possède un porche portant une terrasse ceinte d'une balustrade et une véranda de verre et de fer. La maison est close par un mur élevé, deux portillons métalliques et une grille de fer forgé à deux battants. Un garage est construit au sud-ouest en 1910.

Jean-Baptiste Partiot, négociant en cotons filés né en 1822, occupe la maison en rentier avec son épouse Sidonie Mossu et une domestique. En 1904, la veuve Partiot-Mossu, reste seule à l'habiter. En 1908, ma maison est achetée par Maurice Gillier, industriel bonnetier et père d'André Gillier. Sa veuve, née Estelle Messe, y réside en 1910-1911. En 1962, les Ets Gillier sont absorbés par la SARL Devanlay-Recoing et Pierre Lévy propose la maison à son ami le peintre verrier Maurice Marinot et à sa fille Florence.
Après l'échec d'un projet de restaurant, elle est cédée à un promoteur qui la réhabilite en appartements de standing. "
JL Humbert

Alain Vinum nous présente ensuite la technique de restauration des vitraux utilisée pour la véranda de la maison.


La suite de notre visite nous emmène sur un pont avec vue sur l'ancienne usine de bonneterie Mauchauffée (rue Bégand) sur lequel JL Humbert nous dresse un panorama historique de cette usine:

"Maurice Mauchauffée (1851-1910) est le créateur à Troyes de la grande entreprise industrielle de bonneterie.
Fils de gantier, il crée Mauchauffée et Cie en 1876. Sa firme prospère et devient société anonyme en 1896 au capital de 3.5 millions de francs, porté à 5 millions en 1914. L'entreprise devient la plus importante fabrique de bas de l'Europe: 1140 salariés en 1897, 3000 en 1914, dont 2000 à Troyes.
L'usine regroupe sous le même toit toute une filière maille: mécanique, tricotage, teinture et confection, services commerciaux. Les bâtiments peuvent compter trois étages. Autour des cours intérieures, dont celle dite de l'horloge, dominent les ateliers de plain-pied. Les sheds sur treillis dominent. Les bureaux sont le seul endroit un peu "noble" du vaste ensemble constitué.
Mauchauffée utilise son initiale comme motif décoratif.
Les Etablissements Mauchauffée franchissent la crise des années 1930 en se tournant vers le sous-vêtement. Les difficultés commencent après 1945 avec l'arrivée du nylon qui oblige un renouvellement du parc des machines excédant les capacités financières de la maison. Celle-ci abandonne la production de bas au profit de vêtements de dessous et de dessus, notamment les maillots de bains. Elle tente de produire pour les marchés en développement: vêtements de ski et d'intérieur, lingerie féminine… Mais elle souffre d'une absence de stratégie et cesse son activité en 1978.
Le site est alors divisé et occupé partiellement par des entreprises textiles, dont EMO, créée par des anciens de Mauchauffée. La majeure partie de l'espace accueille le premier site troyen de magasins d'usines concentrés (espace Belgrand). Les difficultés d'accès et de stationnement le font péricliter, alors que dans le même temps les procédures développent une politique de soldes de marques dans les centres commerciaux de Saint Julien les Villas et Pont Sainte Marie."
JL Humbert


Usine Mauchauffée
OPAC de l'Aube (maître d'ouvrage), L.Thomassin (architecte)

Photos:
Sabine Laillet